Aiguilles

Lorsque, dans la forêt, sous le pied se dérobe
Le chemin qui serpente au couvert des sapins,
On peut voir sur le sol, ocre des fonds alpins,
Mille aiguilles en train d’y recoudre une robe.

Alors, cherchant au ciel le coffre-garde-robe,
Apparaît une cour de géants paladins,
Oreilles d’émeraude aux branches en gradins
Dont un rai de soleil aime à pincer le lobe.

Le roi de la forêt — orgueil ou politesse ? —
Aime à cacher au ciel, est-ce délicatesse,
Les ombres de la mort pour exalter la vie.

Lors, comme le sapin, toujours à découvert,
Sur les chemins glissants garderons-nous l’envie
De combattre la mort en respectant le vert ?