La lampe et l’étoile

Sur les grands boulevards, aux détours de la ville,
Prises de cécité dès que tombe le soir,
Des formes à tâtons arpentent le trottoir
Et prennent garde au feu que la lampe distille.

Mais lorsque, fatigués de ce jour volatile,
Et que, loin des rayons, leurs yeux scrutent le noir,
Aveuglés qu’ils étaient, ils s’étonnent de voir
Qu’une douce lueur dans l’ombre se faufile.

Ce reflet hésitant serait-ce cette étoile
Qui tremble dans le ciel en écartant son voile
Pour éclairer nos yeux, leur redonner la vue ?

Et, ravivés alors d’une source nouvelle,
Dans l’ombre du chemin aurions-nous claire vue
Que la lampe éblouit, mais que l’étoile appelle ?